[BIBLIOTHEQUE] La civilisation celtique

Auteur : GUYONVARC'H Christian-J. et LE ROUX Françoise. Parution : 1995 Petite bibliothèque Payot : 6.10€ - 304pp

4e de couverture : Qui étaient les Celtes ? Des barbares grossiers que Rome a convertis, par le glaive d'abord, par la persuasion ensuite, à la civilisation ? Ou bien une aristocratie militaire brillante, conduite par des chefs spirituels, les druides, détenteurs de la plus hautinitiation, et que Rome a délibérément détruite ? Les Celtes apparaissente nfin ici pour ce qu'ils furent réellement : des peuples différents, ayant sur la religion, la société, l'Etat, des conceptions inconciliables avec celles de la Rome antique sur lesquelles s'est fondée l'Europe médiévale et moderne. Mieux : ce sont les Celtes d'Irlande qui, profondément et sincèrement christianisés, ont sauvé la culture classique du néant des temps mérovingiens. Christian-J. Guyonvarc'h a été professeur de celtique à l'université de Rennes-II. Il est notamment l'auteur chez Payot de Magie, médecine et divination chez les Celtes. Ce que vous y trouverez : - Un travail qui se veut universitaire (l'est-il vraiment ?) - Une présenation de la civilisation celtique en l'état actuel des connaissances (à l'époque de l'écriture) - Une définition du principe de "civilisation celtique" selon les auteurs. - Des informations sur l'organisation sociale, en particulier la classe sacerdotale (celle qui nous interesse) mais aussi d'autres informations sur l'organisation sociale telle qu'elle semble apparaître. - Des informations sur une organisation mythologique (rôle des divinités, classements...) - Un axiome de base dumezilien (civilisation indo-européenne et découpages pratiques mais selon moi limitant que ça implique) - Un travail d'explication sur la matière utilisée, des idées bibliographiques à foison. Ce que vous n'y trouverez pas : - Une réflexion approfondie sur la Déesse en elle-même. Les divinités masculines restent considérées comme prépondérante, aux vues de la façon dont c'est abordé - Un point de vue objectif. L'auteur est de parti pris (affection particulière pour les celtes + vision d'une civilisation celtique englobant toutes les régions celtes, sans trop prendre en considération les régionalismes ou les évolutions temporelles : deux mille ans d'histoire et une surface spatiale réunie sans trop de différentiations) Mon avis : J'ai eu beaucoup de mal à passer les premières parties du livre, parce que Guyonvarc'h (du moins je pense que c'est lui) semble franchement remonté contre ses collègues et le début ressemble plus à un règlement de compte vis à vis des-dits collègues et/ou de ses "concurrents" qu'à un travail d'universitaire. Il semble que c'est un écueil assez régulier dans le milieu. En outre, Guyonvarc'h fait de la vulgarisation, mais semble un brin élitiste quant à son potentiel lectorat (tout le monde ne pourra pas comprendre, dit-il.. c'est peut-être vrai, mais ce genre de propos m'agacent !!!). Heureusement, la plume présumée de Françoise Le Roux (présumée car je me dis que c'est elle qui a écrit les passages auxquels je pense en écrivant ces lignes) adoucit le propos. Cela dit, je pense qu'il faut se faire violence et dépasser tout ça, car le livre est très intéressant pour ce qui nous occupe. Le travail sur les sources en particulier donne du grain à moudre, et toute la partie sur l'organisation sociale et religieuse est très instructive (bien que globalisant géographiquement et temprellement beaucoup de lieux et de peuples différents... attention), même si je pense qu'encore une fois, la divinité sous son aspect féminin est un peu trop survolée. Question : a t-on les moyens, archéologiques et autres, de faire mieux ? Une petite mise en garde toutefois : ce livre n'est pas objectif, et comme souvent dans ce genre d'études, il transpire les convictions de son auteur (parfois décriées et pas forcément en accord avec l'opinion publique, frôlant une éthique à laquelle je n'adhère pas). Il est très important de lire plusieurs avis sur le même sujet, même si on a l'impression de relire les mêmes choses, car voir différents points de vue sur les mêmes éléments permet de se faire un avis plus sain, moins cloisonné.