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Les Rites de Passage 2/10

Les Passages Matériels : de la disparition des espaces intermédiaires

Je vous propose enfin aujourd'hui le second article relatif au livre sur les rites de passage que j'ai commencé le mois dernier (c'est fou ce qu'il est difficile de lire pendant les fêtes !).

Le second chapitre s'intéresse aux passages matériels : la spatialisation contribue à la bonne compréhension des concepts, et Arnold Van Gennep a décidé de nous en faire part au long de quelques pages.

En substance, il explique qu'il y a le territoire que l'on habite, le territoire de l'autre, et le "no man's land" entre les deux. Et que chaque territoire a ses tabous et ses dimensions sacrées pour soi, pour les autres, ou pour les deux. Et bien entendu, ses rites d'entrées et de sortie.

Ca m'a encouragée à me poser question sur cette fameuse "zone neutre", que j'ai appelé "no man's land" un tout petit peu plus haut. Dans notre société très civilisée, avec la mondialisation et tout, cet espace neutre entre deux territoire n'exsite plus (sauf peut-être dans l'espace aérien et au niveau des oceans).

Aujourd'hui, quand on passe d'un espace à un autre, on est propulsé immédiatement d'un univers à l'autre, sans transition. Pour s'adapter, il faut alors tout à la fois quitter ses anciennes références (avec tous les deuils que cela implique) et épouser les nouvelles...

Le temps de "flottement entre les mondes", où l'on est finalement seul face à soi-même et à la nature sauvage, cela n'existe plus. Toujours immergé dans l'Autre, avec l'Autre. Plus d'espace, plus de temps pour revenir à sa propre nature sauvage.

Dans l'Antiquité, il y avait des divinités qui présidaient à ces espaces non pas tant liminaires que véritablement sauvages, primitifs, en relation symbolique directe avec sa propre part animale. Je pense à Artemis, par exemple. Apollon, son jumeau de frère, porteur de civilisation, ne peut être au monde que par sa main à Elle, qui ramène la vie à son stade organique et, je le répète, animal. Elle même choisit la solitude (c'est relatif, vu la ribambelle de nymphes qui l'accompagnent) et la liberté. Elle choisit la Marge. Cet espace liminal dont elle est gardienne.

De nos jours, tout cela n'existe plus. L'espace sauvage est considéré comme dangereux, ou régressif (allant à l'encontre du sacro saint progrès), ou bien est "protégé" (encloturé, surveillé... par nécessité, parce qu'il le faut, mais néanmoins sous l'égide de l'Homme).

Psychanalytiquement, spirituellement, quel impact ?

Et bien l'espace creux n'est plus. Il n'y a plus de zone neutre entre l'état précédent et l'état suivant. Il faut de plus en plus se ménager des espaces et des temps de réclusion malgré la vie immergée dans l'Autre. Ces espaces de vide inconfortables, il faut "y aller", les chercher dans un contexte social et culturel qui ne les met absoluement pas en valeur (bien que le milieu éso païen tende à chercher à les reconstituer malgré tout).

Le Rite de Passage prend ici une de ses dimensions, à savoir favoriser la reconstitution de ces espaces. En générant un espace hors de l'espace et un temps hors du temps, tout au long du rite lui-même, mais aussi en aidant le cheminant à recontacter cette part de prétudu vide en réalité si vivant et si fertile, cette part primitive et animal, cette part essentielle de lui-même. Cette part qui SAIT.


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