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[Pop-culture] Le Gardien de la Source, Vanessa Terral

Vanessa Terral

Première édition : Janvier 2016, Pygmalion

Quatrième de couverture :

"Puis elle le vit L'individu qui l'observait se tenait en retrait, à l'opposé de la pièce. Il ne cherchait pas à se fondre dans l'assemblée des gens bien nés. D'ailleurs, ceux-ci l'évitaient. C'était presque imperceptible, mais le flot des civilités s'écartait de lui dans une valse consommée." En cet été 1814, Marie-Constance de Varages, marquise du bourg d'Allemagne, et son héritière, Anne-Hélène, sont conviées au bal du comte de Forcalquier. Si une telle invitation ne se refuse pas, la marquise est inquiète. Quelques mois auparavant, sa fille a souffert d'un mal funeste et été sauvée in extremis. Depuis, elle n'est plus tout à fait la même... Quelle est donc cette ombre qui plane sur Anne-Hélène ? Et pourquoi le mystérieux Lazare, baron d'Oppedette, semble-t-il soudain subjugué par la jeune débutante ?


Ce que vous trouverez :

- Une réinterprétation du mythe de l'enlèvement de Persephone par Hadès

- Un ancrage mythologique, symbolique et narratif, enchassé dans une trame historique solidement travaillée

- Une langue digne des Romantiques

- Des personnages archétypaux fortement caractérisés

- Les codes du genre de la romance


Ce que vous ne trouverez pas :

- Une étude théorique des mythes

- Une interprétation standard et superficielle des différents éléments du mythe


Mon avis :

Je lis tous les écrits de Vanessa depuis que je la connais (ca fait bien 5 ans maintenant... quelque chose du genre !) et le genre où elle excelle, c'est la réinterprétation de mythe. Quand ca touche Persephone, une déesse avec laquelle je travaille de proche (et particulièrement cette année !), forcément cela pique ma curiosité. J'avais hate de la lire, cette interpréttion de mythe, et j'étais fébrile aussi parce que je me suis forcément fait une idée moi-même de ce mythe et c'est forcément une interprétation différente que j'allais rencontrer (d'une part parce que Vanessa n'est pas moi, et d'autre part parce que les besoins narratifs d'un roman ne sont pas les mêmes que ceux d'une nouvelle ou d'un hymne !).

Je suis ravie bien que pas surprise du tout d'y avoir découvert une réinterprétation extrêmement riche au niveau mythique et symbolique, et c'était le point qui était central pour moi. Vanessa a su réexploiter tous les éléments du mythe pour les intégrer de façon fluide à la narration. Forcément, ca implique des prises de liberté par rapport à l'hymne, des choix qui donnent de l'ampleur et de la profondeur mais qui ne dénaturent en rien la portée symbolique sous-jascente. C'était sans doute l'élément le plus casse gueule, mais là dessus, plus je lis du Vanessa Terral, et moins je m'inquiète : elle maitrise vraiement cet aspect à fond.

L'autre pente glissante, c'était l'interprétation des personnages et là je suis obligée d'admettre que vis à vis de mon histoire personnelle, je suis assez peu convaincue par Persephone sous son visage d'Anne-Helène. Très concrètement, je ne suis pas du tout connectée affectivement aux personnages dépressifs, et il se trouve que c'est le choix narratif de Vanessa ici. La langueur, la léthargie, ca a tendance à m'agacer un peu, mais le fait est que c'est une interprétation de la descente aux Enfers qui se vaut tout à fait. C'est donc un bémol pour moi, mais qui ne vaut que pour moi. Par aileurs, les personnages masculin, Lazare (le héros ténébreux, Hadès) et son compagnon Alchimiste en tête, m'ont franchement concainvue. Lazare est un personnage enigmatique, sombre, antipathique mais Vanessa a réussi le pari d'en faire un personnsage finalement très attachant. L'Alchimiste est mon chouchou d'amour, mais c'est une histoire entre le Masculin sacré et moi ;) . Au fil des pages, on retrouve tous les personnages qui gravitent dans le mythe de Persephone et Hadès et tous interprétés avec justice et finesse, différents du mythe tout en étant archétypalement très profondément connectés aux divinités qu'ils représentent.

Pour finir avec les sujets qui nous intéressent tout particulièrement sur ce site, le traitement de l'image de la sorcière et de ses activités m'a convaincue. Une sorcellerie de campagne teintée de codes ésotériques qui font plaisir à ceux qui les reconnaissent, des chats dans tous les coins (c'est mon côté "crazy cat lady") dans un univers malgré tout chrétien (contexte historique oblige) donne un aspect très vivant et visceral à la pratique. On en sentirait presque les odeurs de sang... Pardon, d'encens ;)

D'un point de vue beaucoup plus littéraire, la narration etle style sont très agréables à lire et rappellent les grands romans romantiques du XIXe siècle, sur fond de paysages provencaux chers à l'auteure et qui a su en transmettre les caractgéristiques. Je me suis moi-même plutot attachée au travail sur la langue, auquel je suis très sensible, et je tire mon chapeau à l'usage des différnts niveaux de langage qui donnent à la fois une véritable identité au roman et une caractérisation solide aux personnages.

En conclusion, j'avoue avoir eu un peu de mal a entrer dans le roman, malgré un prologue épique, tout simplement parce que j'ai eu du mal a accrocher au personnage principal (mais la fin du roman lui donne une toute autre dimension !). Mais a part cela ce roman est sans aucun doute le plus abouti de l'oeuvre actuelle de Vanessa, et je ne doute pas qu'elle brille de plus en plus fort dans l'exercice de la réinterprétation des mythes. Des mythes immortels que la littérature n'a de cesse de réactualiser et dont elle se fait chantre.

Comme toujours, j'attends de voir la suite et l'évolution de son travail.


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