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Pourquoi Piobb se plante ?

J'ai découvert Piobb avec la réédition de son livre la Clef universelle des sciences secrètes, aux Editions Alliance Magique.

Je ne suis pas franchement inspirée par la Haute Magie Mentale, ni par la Magie Cérémonielle ou autres abord hermétique du travail ésotérique. De prime abord, je me suis dit que le livre me servirait surtout de référence, pour ma culture générale. Et il ne fait aucun doute que j'y ai trouvé une démonstration intéressante.

Intéressante, oui, mais...

Mais voilà, je l'admets, j'ai été choquée par le postulat de base de Piobb : qu'il existe 5 sciences secrètes, pas une de plus, pas une de moins, passons. Ça fait un agréable et fort pratique rappel de la figure du pentagramme. Piobb parle de Symbolisme, de Mythologie, d'Alchimie, de Magie et d'Astrologie.

Non, ce qui m'a chagrinée c'est que Piobb décide que la "porte" du Symbolisme et la "porte" de la Mythologie n'ouvraient que sur des culs de sac... voire ne s'ouvraient pas du tout, étaient comme des leurres... je cite ainsi :


"[Les occultistes] grattent éperdument à la porte du Symbolisme espérant toujours qu'elle consentira a s'ouvrir. Or, ils n'ont même pas trouvé la serrure ! Aucun n'a songé que cette porte n'était peut-être qu'un artifice.

Ils respectent la Mythologie, trop de divinités y fourmillent. Mais après tout, elle ne conduit à rien : c'est trop visible ; et pas un occultiste – et cela avec raison – ne verserait dans les erreurs du tourisme académique"


Évitons d'emblée les malentendus : je sais très bien que Piobb n'a rien contre le symbolisme et la mythologie, au contraire. Concrètement, il dit qu'on ne peut pas en percer les secrets par l'extérieur, et qu'il faut passer par l'intérieur du Temple pour les comprendre (et pour cela, avoir percé les secrets de l'Alchimie ou de l'Astrologie ou de la Magie, ou même des trois, et être arrivé au centre par ces voies).


Par ailleurs, je sais aussi que je me suis hérissé immédiatement, parce que la Mythologie et la Symbolique sont précisément mes sphères de recherche privilégiées. Et que conséquemment, je ne me reconnais pas le moins du monde dans les problématiques évoquées (bon comme je ne me prétends pas occultiste, je sauve les meubles :D ).


Ceci étant dit, ça me chagrine quand même : j'ai laissé passer quelques années, ai bien avancé dans mes recherches personnelles, n'ai sans doute pas tout compris (que je m'ennuierais le cas échéant !), mais quand même un peu, et avec le recul, je vois bien que la Mythologie et le Symbolisme ne sont pas simplement des écueils. Et pourtant, je ne suis pas franchement passée par un autre côté ! J'en suis donc arrivée à une conclusion assez effarante que j'ose vous partager aujourd'hui...


Et si Piobb s'était planté ?

Est-ce seulement possible qu'un si grand ponte de l'ésotérisme puisse avoir avancé une théorie erronée et que moi, avec mes petits outils et sans doute ma moins grande érudition, je puisse prétendre avoir compris quelque chose qui lui avait échappé ?


Ma foi, je vais oser. Pourquoi ? Parce que l'une des bases de la recherche, qu'elle soit ésotérique, spirituelle, ou de tout autre domaine, c'est de savoir prendre du recul et lire des oeuvres avec un esprit critique.


Je ne prétends donc pas avancer une clef universelle de quoi que ce soit, ni dénigrer le travail de Piobb. Je prétends tout simplement avancer quelques éléments de réflexion supplémentaire, découlant de ma compréhension de Piobb d'une part et de la recherche éso-spirituelle d'autre part, qui apporteront peut-être un peu d'eau au moulin de vos propres réflexions.


Question 1 : Et si Symbolique et Mythologie n'étaient pas deux, mais une seule porte ?

Telle est ma première piste de réflexion. Finalement, les mythes ne sont-ils pas des symboles ? Les Dieux eux-mêmes ne sont-ils pas des symboles ? Nous pourrions débattre des heures sur la nature des dieux, et je suis sure qu'une seule définition ne suffira pas à les circonscrire. Je suis véritablement persuadée que plusieurs définitions différentes sont compatibles en même temps s'agissant du concept de divinités. Et l'une d'elles, c'est qu'ils sont eux-mêmes des symboles. Des représentations de concepts cristallisés en fonction de réalités sociales, culturelles et environnementales (exemples : La Mort, L'Amour, Le Soleil...). Deviennent symboles non seulement les dieux, ainsi que les héros, personnages et créatures mythiques, mais aussi les situations elles-mêmes (mythes étiologiques, c'est à dire qui expliquent pourquoi le monde est tel qu'il est, ou encore grands mythèmes universels [déluge, jumeaux divins, fratricides...]).

Cela oblige à se poser un peu la question de ce qu'est un mythe, bien sûr, et de ce qu'est un symbole. Là encore, on pourrait s'épancher des heures, mais je vais m'arrêter à un apport de Jung et à un apport de Joseph Campbell sur ces deux sujets :


"Un mot ou une image sont symboliques lorsqu'ils impliquent quelque chose de plus que leur sens évident et immédiat" Carl Gustav Jung, Essai d'exploration de l'inconscient


"La fonction principale de la mythologie et du rite a toujours été de fournir à l'esprit humain les symboles qui lui permettent d'aller de l'avant" Joseph Campbell, dans Le héros aux mille et un visages.


En s'intéressant à cette vision de la chose, le mythe, quand il n'est pas en soi un symbole, en est au moins porteur.


Les deux sont inextricablement liés.

Pourquoi, alors, s'obstiner à chercher deux portes ? Peut-être la véritable porte est-elle entre les deux que Piobb a perçues. Peut-être que la porte de la Symbolique est factice parce ce n'est pas là qu'elle se trouve vraiment, peut-être que le fond du cul de sac de la Mythologie n'en n'est pas vraiment un (mais qu'il faut chercher une porte dérobée ailleurs ? Ça fiche un peu le bazar dans son pentacle, mais l'hypothèse mérite d'être exposée, et explorée, je trouve...


Question 2 : Et si la clef proposée par Piobb n'était pas la clef universelle des sciences secrètes, mais une clef valide pour certaines portes et pas d'autres ?


Peut-être, tout simplement, que Piobb propose une clef qui n'est pas si universelle que ça... et qu'en effet, on ne peut pas comprendre les Symboles et les Mythes par cet outil. C'est que ce que nous donne Piobb, comme sésame universel pour l'ésotérisme, c'est le chiffre. Je n'enterai pas dans le détail : si vous voulez des explications, il suffit de lire le livre. Mais grossièrement, le chiffre débloquerait toutes les étapes et portes de chacune des trois autres voies prises ésotériques prises par l'extérieur.

Je ne suis ni Mage, ni Alchimiste, ni Astrologue en l'état, je ne prétendrai donc pas affirmer que c'est correct ou non. Je trouve la démonstration convaincante, mais ce serait à explorer plus avant. En revanche, je suis Symboliste et Mythologue. Et je vous le dit sans ambages, le chiffre ne peut absolument pas débloquer la compréhension de ces deux disciplines. Parce que ces disciplines ne concernent pas les sciences, mais les sciences humaines. Elles ne concernent pas les fonctions liées aux mathématiques, mais les fonctions liées au langage. Elles ne concernent pas des phénomènes du monde extérieur (astres, matière, énergie), mais des phénomènes de la psyché, du monde intérieur du quêteur lui-même et de l'inconscient collectif dans lequel il baigne.

Je serais tentée de dire : tout simplement.


Il est évident que Piobb est loin d'être un sombre imbécile. Et qu'il n'a surement pas envie de prémâcher le travail de ses lecteurs. Conséquemment, je ne me permettrais pas de dire qu'il s'agissait d'un abruti qui n'avait rien compris à l'ésotérisme. En vérité, derrière mon titre et mon intro un peu provocateurs, je sais que tout est bien plus subtil que ça...

Il n'hésite pas à affirmer que depuis l'intérieur du Temple, on peur remonter le couloir des Symboles et des Mythes pour en comprendre le sens profond, armés d'une meilleure connaissance des phénomènes du monde. Voici également son propos concernant le cul de sac de la Mythologie :


"La porte donne sur un espace restreint, rigoureusement enserré entre des parois simples, dénuées d'ouvertures. On n'entre pas davantage ; mais devant soi existe un miroir qui – chose curieuse – reproduit les scènes de la grand-route que depuis longtemps on a délaissée !"


J'ai envie de rappeler que sortir du Temple, du Labyrinthe, des méandres de sa psyché et de sa propre compréhension intérieure, ce à quoi amènent, finalement, aussi bien la quête du Mage que la recherche de la Pierre Philosophale ou l'étude des Astres, est aussi important que d'y entrer.


Et que la première chose que je vois quand je regarde un miroir, c'est mon propre reflet.


Peut-être bien que la clef universelle des sciences secrètes, c'est tout simplement moi...


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