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[Pop-Culture] Mad Max : Fury Road, Une Balade dans le Tarot de Marseille // Spoilers repérés


! ATTENTION SPOILERS !


Je suis allée voir Mad Max : Fury Road mardi au cinéma... j'ai vu un excellent film d'action, bien sûr, mais comme à mon habitude, je me suis laissée porter par ce qu'il y a derrière le voile. La profondeur de champs. La Pop-culture est d'une grande richesse, quand on fait l'effort de gratter la croûte. Et là c'est un film mythologique que j'ai vu ! Digne successeur des mythes des anciens temps. Mais pour cet article, et parce que sinon j'ai de quoi écrire une sacrée pavasse, je vais m'arrêter à ce que j'ai perçu du Tarot de Marseille dans ce film. Qui devient par la même éminement porteur de sagesse (il suffit de savoir la trouver) et très intéressant pour affiner, potentiellement, sa vision et sa compréhension du Tarot de Marseille. Une pierre, deux coup !



Mad Max – Le Mat


Je vous en bouche un coin là. Mad / Mat : même étymologie. Sur la forme pure, Max est fou. Il est le Fou. Il se balade seul, sans jamais s'arrêter, toujours en mouvement. Il a perdu la tête. Il est traumatisé par les souvenirs qui le hantent et qui ne cessent de lui lacéder les jambes, de vouloir l'empêcher d'avancer, mais il continue. Il est poursuivi par les chiens qui cherchent à lui mettre la main dessus, mais il continue. Il est poussé par son seul instinct de survie. A pied ou en véhicule, il continue d'avancer.

Il est aussi le Mat car il marche sur les chemins de traverse sans prêter allégence à quiconque. Il ne suit pas d'autres règles que les siennes.

Est-il libre des contraintes sociales ou prisonier de sa solitude ? Peu importe. Il avance, seul.

Furiosa l'appelle "Fool", dans le cours du film.



Furiosa – Le Chariot


Au début, je m'étais dit "Souveraine" (donc Impératrice), car c'est l'image que j'ai de Charlize Théron depuis Blanche Neige et le Chasseur, et parce qu'elle veut reprendre la souveraineté sur sa vie. Et aussi parce que son nom, c'est "Imperator Furiosa". Mais je me trompais. Furiosa conduit la Machine. Elle est celle qui fait bouger les choses, par la force de sa volonté. Fury Road, Furiosa : la Route lui appartient. Elle conduit la Machine, elle ne fait qu'un avec la Machine. A tel point que la Machine est une partie d'elle, la Machine est aussi son bras de fer. Elle seule sait la faire démarer. Le camion est une extension de Furiosa, ou Furiosa une extension du Camion. On ne sait pas trop.

Furiosa et son camion (porteur de vie, avec l'eau et le lait des Mères) sont au coeur de la cohésion du groupe. C'est la détermination de ce personnage qui permet aux chevaux d'avancer dans la même direction.

Ensemble, ils font avancer la situation. Ensemble, ils roulent vers l'espoir, et la victoire, le triomphe.

Nux – Le Pendu


Evidement : Le Sacrifié par excellence. Mort en sursis, chair à canon prêt à se suicider à tout instant pour donner la victoire, enchainé au système aussi bien par l'endoctrinement que par ses besoins pour survivre. La première image de Nux, c'est enchainé. La dernière, c'est libre. Libre dans ses propres chaînes, celles qu'il a finalement choisies.

De Sacrifié endoctriné, il devient sacrifié pleinement volontaire. Est-ce mieux ou pis, ou pareil ? Dans ce monde, la question ne se pose pas en ces termes. Nux reste pleinement l'archétype du Sacrifié mais la dimension de son sacrifice change et en tant que personnage, il se réalise pleinement.



Immortan Joe – Le Diable

Un bon gros pontife. Je suis désolée, c'est l'aspect un peu traditionnel du Diable qui va être traitée, puisqu'Immortan Joe, c'est un gros méchant, donc il n'est pas du tout fait pour faire adhérer le public. Pourtant, c'est un magnifique personnage.

Immortan Joe enchaîne son peuple. C'est l'image du tyran par excellence, qui possèdes toutes les richesses qui apportent la joie du corps : à lui l'eau, la bonne nourriture, les femmes les plus belles. Mais il enchaine tout le monde, aussi bien par l'esprit (l'endroctrinement des Warboys par exemple) que par les corps (en dispensant les denrées de base de façon très rationnée).

Lui-même est enchainé aux machines qui lui permettent de vivre, de respirer.

Comme sur la carte, son visage est effrayant : ses yeux exorbités, son masque grimaçant.

Comme sur la cate, il tient l'épée par la lame : il est lui-même enchainé à ses propres pulsions.

Il est le souverain d'un monde infernal, désolée, presque mort.

Quelles sont ses intentions ? A t-il de la sincérité dans sa démarche ? Croit-il que cette forme de gouvernance est la seule qui soit valide dans ce monde furieux et dégénéré ? Qu'il faut se rationner pour permettre à la vie de perdurer en y allant petit à petit, à tâton ? Ou souhaite t-il juste tout garder pour lui égoïstement ? Ou les deux ? On ne saura pas.

On sait juste qu'il représente la règle, que cette règle est probablement blessante y compris pour lui-même (il tient l'épée par la lame, contrairement à la Justice qui la tient par la garde), qu'il a accepté d'endosser ce rôle et que toute atteinte à son autorité déclenchera ses foudres. Si quelqu'un commence à briser la chaîne, c'est tout qui risque de s'écrouler !

On admettra que la dichotomie "Bien/Mal" telle que nous la connaissons n'a dès lors plus tellement de validité...



Splendid Angharad – L'Impératrice



La voilà l'Impératrice. Favorite d'Immortan Joe, magnifique, fertile, saine, et déterminée. Elle est le leader du groupe des femmes qui s'enfuient, porte une image de Mère dans son aspect fertilisateur et est enchainée au système, qu'elle le veuille ou non. Elle ne pourra pas s'échapper de ce trône de chair sur lequel elle est assise. Son esprit lui appartient, pas son corps.

Elle est cet aspect de l'Impératrice, Souveraine et Enchainée à la fois.



L'Empereur – L'Empereur


Et ouais. Celle là je suis allée la chercher loin.

Bon il n'est pas en couple avec l'Impératrice :) En revanche, c'est lui qui gère le pérole ! Et puis en plus, il ne peut pas se lever pour des raisons diverses : le trone lui va plutot bien ! C'est l'Empereur dans sa dimension gestionnaire, homme de pouvoir politique et économique, etc... et même s'il ne peut pas trop se mouvoir, il n'hésite pas à se déplacer quand nécessaire.



Le Meunier des Balles – L'Arcane Sans Nom


Le Meunier fabrique les faux, sauf que les faux, ce sont des balles. Et il fauche tout aveuglément, sans distinction. Tout le monde dans le même panier. Rien à foutre. Un peu trop caricatural, dans le sens où l'Arcane Sans Nom, c'est une carte bien plus subtile, mais voilà, ici, dans cette acception, ça colle.



Désolation – Le Soleil

Oui, le paysage est un personnage à part entière. Et le Soleil, c'est une évidence : tout est brulé ou acide, mais tout pourrait renaitre. Le paysage n'est pas déstructeur en soi, il a été détruit. Le désert pourrait être refertilisé, par osasis au moins, mais ce sont aux hommes de faire le boulot. Et pendant que le soleil et le paysage font leurs vies de façon imperturbable, les Hommes construisent des cités et se chamaillent comme des chiffoniers. Pas faute de donner de quoi vivre en abondance. La carte montre ce qui est : disputes et guéguerres. Et montre ce qui pourrait être : coopération, partage. Il y en a assez pour tout le monde, en vrai. En gros, ce qui fait du paysage quelque chose d'hostile, c'est bien la façon dont les humains le gèrent...

Le désert lui-même, certes terrible, brulant et avec sa part d'hostilité, pourvoit à tous les besoins.

Ils sont cons ces humains.



Les Femmes dans ce monde d'hommes – L'Estoille


Ce sont elles qui sont pourvoyeuses d'espoir pour une vie plus abondante à tous les égards. Fertiles, Compatissantes, Fortes, Sages, Belles, Guerrières... elles sont toutes archétypales et porteuses dans leurs noms mêmes de caractéristiques de de valeurs à connotations positives, créatrices et bâtisseuses. Et elles sont toutes décidées à se réaliser dans leur Légende Personnelle, et à trouver une place. Ce serait hors sujet d'approfondir.




Conclusion ?



Mad Max : Fury Road est certes un film de culture populaire, mais la culture populaire puise son inspiration dans un inconscient collectif riche, dnas une culture folklorique riche et foisonnante. Par ailleurs, il est bien possible que George Miller ne soit pas le dernier des abrutis. Il ne s'est peut-être pas appuyé sur le Tarot de Marseille à proprement parler mais il y a fort à parier qu'en tant que scénariste de talent, les archétypes, ça le connaisse un peu. Ou qu'il ait su s'entourer.

Donc ce film, c'est un divertissement et ça doit le rester aussi. Mais personnellement, j'y ai vu une dimension beaucoup plus profonde, issue de la Grande Mer des Contes et Histoires de Légende (je viens d'inventer non pas le concept, mais le nom oui :D ). C'est un film apocalyptique, d'anticipation donc, mais qui réactualise des thématiques immémoriales. Il y a quelque chose des temps mythologiques, dans cette histoire, qui me frappe dans mon coeur d'humanité.

Il y a évidement quelque chose d'initiatique, aussi, tant pour Max le Fol qui se balade de carte en carte et qui est loin d'avoir terminé sa promenade que pour le spectateur, qui s'identifiera à qui il veut ou à chacun des personnages.


Bref, Mad Max, c'est bon, mangez-en. Et laissez vous enseigner par la pop culture. Quand elle est bien faite, ça envoie du bois.

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