[BIBLIOTHEQUE] La Femme Celte
- lilesacree
- 25 sept. 2014
- 4 min de lecture
Auteur : Jean Markale Première édition : 1982 Présente édition : 2001, éditions Payot, 585p, 10,65€
Disponible

4e de couverture : Comment les Celtes considéraient-ils la femme ? L'auraient-ils rêvée ? N'est-ce pas l'image de la femme, plus que sa réalité, qu'ils nous ont léguée dans leurs traditions et leurs légendes ? - Ce livre s'efforce de répondre à ces questions. À travers les témoignages des Grecs et des Latins, à travers l'abondante littérature médiévale irlandaise, à travers la tradition bretonne et les fameux romans de la Table ronde, ainsi que les nombreux contes populaires de l'Europe occidentale, surgit la troublante silhouette d'une femme inconnue, la femme-soleil, sous les noms les plus divers : Dahud la « bonne sorcière », Rhiannon la « grande reine », Guenièvre le « blanc fantôme », Blodeuwedd la « née des fleurs », et beaucoup d'autres, jusqu'à Yseult, soleil incarné qui inonde de son amour l'hommelune Tristan, et cette étrange « Pucelle au Graal » qui tient entre ses mains un vase d'où émane une lumière surnaturelle...
Ce que vous y trouverez : - Un certain nombre d'informations sur Ceridwen directement - un balayage des mythes celtes parmi les plus évocateurs concernant le Féminin Sacré - Un large panel de mythes d'origine Galloise, Irlandaise, Gauloise. - Un rapide point sur le statut juridique de la femme dans les mondes celtiques (comme toujours dans ces moments là : à prendre avec des pincettes) - Une approche psychanalytique Ce que vous n'y trouverez pas : - Une approche misogyne des mythes celtes et de la figure de la femme - Une approche spiritualiste de l'archétype Mon avis : J'ai acheté ce livre il y a fort longtemps et j'en avais commencé la lecture (je l'avais même presque fini). J'ai eu l'élan de le relire pour l'amener jusqu'au bout, et j'ai été bien inspirée de le faire ! Ce livre fait partie de mes chouchous, malgré ses inévitables lacunes. - Le féminin y est abordé pour lui-même, non pas comme repoussoir du masculin - L'angle d'approche de Markale est celui du Conteur, et non pas de l'universitaire, ce qui l'apparente, dans une certaine mesure, au point de vue du Poète proposé par Graves 30 ans plus tôt. Bien que la façon d'appréhender les mythes est celle du conteur (de la symbolique, etc... donc : tout pour me plaire), Markale essaie de développer une méthode bien ficelée malgré tout. Il s'agira de noter à ce stade que Markale et Guyonvarc'h, le Conteur et l'Universitaire, donc, se tiraient dans les pattes pour savoir qui aurait raison, qui aurait la plus grosse intelligence... ma sensibilité personnelle me fait préférer l'approche de Markale, ce qui ne disqualifie pas nécessairement celle des universitaires pour autant, mais je ne vais pas chercher les mêmes informations dans les bouquins différents, c'est tout ! Bref ! J'ai particulièrement apprécié toute la partie sur le féminin sacré relégué dans les profondeurs, qui évoque l'aspect "sombre" de la Déesse (de la Femme Idéalisée dans le langage de Markale) sans fioriture. J'ai moins apprécié son obsession psychanalytique sur la figure de la Mère et de la recherche de la fusion du fils avec sa mère. La réflexion est pertinente, et c'était fascinant de lire comment Markale ne limite pas le rôle de la Femme et de l'Archétype de la Mère à l'enfantement, mais ca n'empêche que le petit côté "le seul objectif de tout être humain c'est de retourner dans le ventre matriciel", s'il a une certaine légitimité, était peut-être un peu trop présent à mon goût. Enfin c'était ce qu'il voulait démontrer donc on ne va pas lui en vouloir hein... Il faudra noter toutefois que Markale va bien plus loin en proposant de nombreuse alternatives à cet Archétype, en proposant par exemple d'arrêter d considérer la sexualité féminine comme uniquement destinée à la procréation : en filigrane, les Archétypes de la Jeune Fille, de l'Amante puis dans d'autres circonstances de la Sorcière, de la Guerrière sont plutôt bien représentées. Je terminerais en disant que Markale tente de rendre à la figure de la Femme dans les mythes et les contes Celtes toute la place qu'elle mérite d'avoir selon lui. Ca change un peu de la figure de la femme comme unique parèdre, que l'on retrouve un peu trop souvent dans les livres sur la mythologie celte où on l’expédie en disant qu'elle est la mère, la fille et l'amante des dieux masculins, sur lesquels on s'étendra plus... Dans tous les autres livres que j'ai pu lire, il faut chercher les informations sur le féminin disséminés en petites bribes, voire en simples allusions (Ceridwen en fait largement les frais). Ici, c'est tout le livre qui leur est consacré, à ces Femmes, à ces Déesses, donc que l'on soit d'accord ou pas avec tout ou partie du travail de Markale, je le considère incontournable, tout simplement parce qu'il est assez unique en son genre et qu'il fournit des pistes de réflexion très pertinentes (à creuser par soi-même ensuite, parce qu'on n'est pas des fainéants !).
Comments